CR Franchir II

Vendredi 11 Mars 2005

Pour les distraits, je rappelle le concept de Franchir (l'horizon) II. Il s'agit de faire un énôôôrme relai de coureurs à pied tout autour de la France, sur plusieurs semaines, au profit de l'association J.S.C. (Jeunes Solidarité Cancer). Voili voilo.

Malgré la préparation minutieuse d'Annick et de tous les autres, j'arrive quand même à être à la bourre, ou au moins à avoir le sentiment d'être à la bourre. Donc je fais tout dans l'urgence. Dans l'urgence d'accord, mais ça n'empêche pas d'essayer d'avoir de bonnes idées. Ainsi j'achète une carte à la pause de midi au boulot. Non, en fait, pas "une" carte, mais "la" carte. Paris-Rouen au 100000ème, le seul truc qui lui manque c'est le tracé du parcours de Franchir II, mais sinon elle est excellente: lignes de niveau, GR, c'est une bonne carte de rando quoi. De la balle.

Le soir, je règle divers problèmes au boulot avant de partir, du coup je pars plus tard que prévu, et fonce direction le XIIIème, rue Corvisart. J'arrive non pas dans un tonnerre de feu et de flamme, mais tout simplement en retard. J'ai chaud sous mon casque de moto, je transpire dans mon blouson, je suis fatigué, j'en peux plus, j'en ai marre. Vivement qu'on courre.

Je débarque donc dans les locaux de l'association. Changement d'ambiance. Tout le monde a le sourire, crackers et jus d'orange sont de mise. Bizarre de retrouver cette ambiance "bonne santé" qui détonne toujours avec les autres contextes dans lesquels je peux évoluer (comprendre: bar enfumé ou fanfare arrosée de vin rouge). En tous cas c'est bien sympa, je fais connaissance avec tout le monde. Le Bourrin et l'Antilope que j'ai déjà croisés, le Sanglier, qui prendra mes affaires dans son coffre, Bibi, que je connais de nom et de renommée, et Karim Mosta, qui me pose plein de questions sur ce que je mange, comment je m'équipe. C'est étrange car je crois que c'est plutôt lui qui aurait des conseils à me donner. Enfin bon, je sens la bonne humeur me remplir peu à peu, ça augure bien. Je me change, remplis mes bidons, me pose deux ou trois questions métaphysiques sur ce qu'il faut prendre ou laisser, et hop départ!

On prend quelques photos avant de partir, et puis on commence à trotter. Le rythme me convient parfaitement. On forme un petit groupe de 4 (l'Antilope, Bibi, Karim et moi-même) et le Bourrin nous suit en voiture verte (verte à cause de la couleur, je ne pense pas que ledit véhicule ait été plus écologique qu'un autre, ni moins d'ailleurs, enfin ça n'a rien à voir, fin de la parenthèse). Le parcours préparé par Annick est légèrement amendé en cours de route, car les parisiens qui m'accompagnent ont de meilleures idées sur la route à suivre. De fait on se perdra presque un petit peu mais pas tout à fait. Disons qu'on hésite par endroit. Mais dans l'ensemble ça se passe bien. Je me sers à l'occasion de ma boussole, qui est utile même en milieu urbain, car elle permet d'éviter les erreurs grossières, sachant que la signalisation est de peu d'utilité au coureur à pied car elle l'amène systématiquement sur les grands axes qu'il cherche précisément à éviter.

On passe pas loin de chez moi. Je mentionne ce fait et d'ailleurs on passe encore moins loin de l'Electron. Un peu plus et on s'invitait chez lui pour l'inviter à venir avec nous. Il a eu chaud le bougre 8-) Côté forme je vais très bien. La fatigue de la journée a disparu. Je suis plutôt bien. Le rythme me convient toujours aussi excellemment bien. J'ai l'impression que je vais un poil lentement pour Bibi mais bon je ne me formalise pas, on m'a annoncé plus ou moins implicitement que le groupe se calerait sur moi sachant que je suis celui qui va couvrir la plus grande distance aujourd'hui, et donc je profite largement de la proposition. Je n'hésite pas à marcher dans les côtes. La douleur à la cuisse droite que je me traîne depuis la récup' du Raid 28 est toujours là, mais pas handicapante car je n'ai pas besoin d'allonger la foulée ni d'être technique ou aérien. Autre point positif, mes chaussures dont je pensais qu'elles allaient me donner des ampoules, ben finalement non, ça a l'air de passer.

Je discute beaucoup avec Karim, et c'est extrêmement enrichissant. Il a tellement bourlingué qu'il paraît difficile de trouver un trail ou pire, un type de trail, auquel il n'a pas participé. Surtout quand on commence à aborder le thème du désert ou de l'endroit où il fait chaud. On parle aussi beaucoup de la Réunion, vu que le GRR est une course que nous avons en commun. L'Antilope aussi d'ailleurs. C'est vraiment bon de parler du GRR, car comparé à cette épreuve, la petite ballade de santé qui nous occupe à l'instant paraît insignifiante, donc pas fatiguante, donc j'ai une banane d'enfer. A propos de banane et de GRR, ça me fait penser ravitos, et à ce titre je suisn très supris d'apprendre que l'Antilope a eu des soucis avec des ravitos au GRR. Pour moi c'était l'archétype de la course parfaite de ce point de vue. Comme quoi les avis divergent. C'est vraisemblablement du au fait qu'on a couru ni la même année ni dans les mêmes tranches horaires.

Je profite du fait que j'ai pris mon sac sur le dos (!) malgré l'assistance motorisée du Bourrin pour m'hydrater en continu. Je bois je bois je bois même s'il ne fait pas chaud, même si je n'ai pas soif. Fondamentalement, si je n'avais pas couru ce soir, qu'aurais-je fait? C'est simple, j'aurais pris un bon diner, avec du rab' de nouilles, des grandes rasades de flotte, et du fromage, et une deuxième part de fromage parce que c'est bon le fromage, et une gigantesque part de glace car je suis un sacré gourmand qui ne sait pas se retenir. Sans tomber dans l'excès, je me dis qu'il faut qu'à coup de coca et de mini-nuts j'arrive à ingurgiter l'équivalent d'un bon diner. Autant s'y coller tout de suite!

Petit à petit on finit par sortir des zones vraiment très densément urbanisées. Laissons place aux usines et aux entrepôts, ouééééé, c'est beau la banlieue. Ceci dit à suivre la Seine comme on le fait - c'est amusant on n'arrête pas de la traverser - il n'est pas étonnant qu'on croise des ports industriels et autres lieux au romantisme pas nécessairement flagrant. Le Bourrin frétille d'impatience et bave d'envie de courir avec nous. Ce sera chose dans une belle ligne droite. D'ailleurs il commence à y en avoir de sacré belles, des lignes droites. Du genre y'a plus qu'à aller jusque là-bas tout droit au fond et après il reste plus que 90km. Super.

Et l'inévitable moment de la séparation se profile. On se met tous d'accord pour dire que vers minuit ou 1h du matin, ça sera la quille pour tout le monde sauf moi 8-) C'est donc au sortir d'un petit patelin, peu avant Meulan, que je laisse les autres franchisseurs. Je prend un max de bouffe et de boisson, car je n'ai vraiment, mais vraiment pas envie de faire un hypoglycémie tout seul la nuit dans la pampa. Aurevoir tout le monde donc. Je suis un peu déçu pas forcément parce que je vais me retrouver seul, mais plutôt parce que je me dis qu'il va se passer du temps avant que je recroise ces têtes sympathiques, et bon. Bof. Tant pis. Allez, à bientôt! La voiture verte (qui pollue ni plus ni moins qu'une autre) me suis pendant quelques minutes et puis hop le cordon est coupé.

Donc voilà. Je suis seul. Rendez-vous avec Annick au petit matin, elle doit m'appeler sur mon portable. J'ai donc 5 heures à tuer. Hum. On a du faire entre 40 et 50km, je calcule que si je cours au même rythme qu'avant je dois pouvoir faire en 5 heures 30 ou 40km, ce qui m'amènerait à, heu, environ 80km on va dire, et il ne m'en resterai plus que 50 donc, ce qui ferait que j'aurais à faire 50km en 10 heures le lendemain. Du gâteau en somme. Easy, les doigts dans le nez. Un peu plus et je porterais une enclume, comme ça, pour le fun, car sinon c'est trop simple. Petit présomptueux que je suis, je vais me mordre les doigts de cette impertinence.

Je me fais un mauvais stress à l'arrivée de Meulan, genre si je fais une mauvaise rencontre tout ça tout ça. En fait il n'y a personne dans les rues. C'est le désert. Je croise une ou deux personnes dont je me demande bien ce qu'elles foutent là d'ailleurs... C'est vraisemblablement réciproque. Le changement de direction vers la droite à Meulan, pour prendre la D913, est décisif. C'est là que je me retrouve vraiment en "autonome". C'est psychologique mais le fait de tourner et quitter la route que nous suivions avec les autre marque un... ...tournant.

Et hop en route vers l'inconnu. Enfin non, pas vraiment l'inconnu, car ici c'est le Vexin, et c'est dans ce coin que je me suis marié. A mon mariage (30 Novembre 2002) il faisait un froid de canard. Et aujourd'hui, il fait aussi encore et toujours un froid de canard. Bon sang mais c'est pas croyable ce qu'il fait froid dans le Vexin. OK on a échappé à la neige qui sévissait les semaines précédentes, mais tout de même, fait vraiment pas chaud. Je mets tout ce qui ressemble de près ou de loin à un vêtement sur mon dos. Brrrrr. Ceci étant le coin est particulièrement mignon, de petits ruisseaux coulent le long des routes (non c'est pas des caniveaux dégoûtants, mais des vrais petits ruisseaux tous mignons!), je m'arrête regarder un moulin à eau.

Aussi je me gauffre en butant sur un trottoir en passant dans un village. Bigre, la fatigue pointe son nez. Je n'hésite pas à marcher, pas la peine d'arriver trop en avance ou plutôt "trop avancé dans le parcours" au rendez-vous fixé avec Annick. Je regarde souvent la carte histoire d'être sûr à 100% de prendre la bonne route. 130km c'est bien mais je n'ai pas envie de faire du zèle dans cette espèce de Sibérie improvisée. Le seul soucis c'est que du coup j'enlève mes gants et après ouillouillouille aillaillaille j'ai froid aux doigts. Et après les piétons, ce sont maintenant les voitures qui se font rares. Au moins je peux être sûr de les faire à pieds ces kilomètres, la tentation de faire du stop ne se présente même pas. 2h, 3h, 4h du matin, ça dure ça dure.

Le long de cette fameuse D913, je passe à un moment entre 2 bâtisses, équipées de "saletés de clébards qui gueulent pour rien". Ouaf ouaf grrrrr ouaf ouaf. Pendant 10 minutes. Ben oui, 200m en avance, puis 500m après, ajoutez les 300m de clôture le long desquels (les 300m) les bestiolles gambadent, et donc vous obtenez 1km, soit 10minutes à 6km/h. Une calamité, on doit les entendre à 2km à la ronde. Surtout qu'ils s'auto-excitent les uns les autres. J'espère que les propriétaires ont été réveillés. Moi qui pensant goûter paisiblement le charme d'une promenade bucolique, me voilà ramené à la triste réalité du "attention chien méchant".

A ce stade il fait tellement froid que je courre les mains dans les poches. A un moment je me dis que ça ne sert à rien. Tu parles, 5 minutes les mains hors des poches et hop je regèle des doigts. C'est assez pénible. Je dois avoir une sacré dégaine avec mon sac-à-dos, mes mains dans les poches, ma frontale et ma foulée bringuebalante car oui, bouger les bras en courant c'est utile. Enfin je cours pas beaucoup je marche surtout. J'ai estimé qu'à la Roche Guyon je devrais être à environ 80km. Estimation au pif dont on verra plus tard le degré depertinence... Donc je me dis que j'ai le temps, j'y vais cool. Le but est de passer la nuit sans encombre, pas de jouer les héros.

Ceci dit, une petite idée germe dans ma tête. Si j'ai de la marge, je peux faire un petit détour. Même que ce serait pas un petit GR sur la carte, là entre Vétheuil et la Roche Guyon. Mmm, le bon petit chemin qu'il va se manger tout cru le petit ufoot. Miam miam. Je calcule les horaires, sachant que sur le chemin j'irai plus lentement, je peux (pas forcément largement, mais c'est possible) rejoindre la route et le parcours "officiel" avant qu'Annick ne me téléphone. Je n'ai pas envie de lui répondre "je suis sur perdu sur un chemin de terre" lorsqu'elle me demandera ma position. J'estime avoir le droit de faire ce que je veux, dans la mesure où ça ne perturbe pas l'organisation, surtout qu'Annick s'est beaucoup investie dans l'organisation de l'étape.

Je jardine un peu pour trouver l'entrée du chemin à Vétheuil, mais finalement c'est bon, à moi le GR, let's be trail! Ca monte. Longtemps. En fait ça remonte depuis le bord de Seine jusque sur le plateau. Une fois en haut, je suis un peu déçu. C'est gadouilleux, certes, donc je suis bien dans une ambiance "trail", mais par contre question paysage c'est nul. Peut-être aurais-je pu m'en douter. De nuit avec un léger brouillard, c'est pas là qu'on a les meilleurs points de vue en campagne. Sur ma gauche donc une forêt qui vraisemblablement tombe sur la Seine. Sur ma droite un terrain d'aviation. Là, heu, soyons clair, c'est nul, ç'aurait été plus chouette de rester en bordure de Seine. Sauf que, heureusement, on a pensé à tout, et pour occuper les coureurs noctures, ont été mises à disposition des tables d'orientation et des panneaux qui indiquent quels sont les oiseaux et les plantes qui vivent dans la région. Je m'arrête donc longuement et améliore de manière significative ma culture générale concernant la botanique et la géologie des bords de Seine en cette belle région. Je vous rassure je n'ai vu aucun oiseau par contre j'ai pu mettre des noms sur certaines formes de végétation. A mon grand dam j'ai tout oublié et ces longues pauses culturelles n'ont finalement eu, à long terme, aucun effet significatif. Enfin c'était vraiment excellent de s'arrêter pour ça, un peu spatial et décalé, mais bon j'adore ce genre de plans.

La descente est un peu technique, en sous bois, et le chemin se resserre. Je me gamelle à l'occasion. Attention il ne s'agit pas de se foutre en l'air ici! Je finis par me paumer et n'arrive plus à localiser le GR. Tant pis je descend par la route.

Retour en bordure de Seine donc, fin de l'épisode "nature", et "dididilali dam doum dadadadaladi dam doum", mon téléphone sonne. Ouf, c'est Annick, on se fixe rendez-vous, tout baigne.

Arrivé à un rond-point, je vois une voiture sur la gauche, devine que c'est mon accompagnatrice de choc. Bingo! Et là, Annick me sape mon super moral avec une remarque dévastatrice "c'est bien t'as déjà fait 67km environ". Hein quoi? Comment? 67? Non mais ça va pas du tout, moi je tablais sur 80, si on me dit 67 ça veut dire qu'il reste plus de la moitié à faire, hors j'ai déjà bouffé la moitié du temps imparti, donc il faut que je fasse un "négative split". Ca va pas la tête? On était censé être à 50km à Meulan (en relisant à postériori le tableau d'Annick sur les distances estimées, Meulan c'était km 42 et pas km 50), j'ai quand même pas fait 17km en 6 heures!!! Même à vol d'oiseau c'est plus long que ça! Je suis crevé moi, et d'abord j'ai mal aux jambes, et je viens de me taper une p*tain de côte dans la gadoue, et j'ai perdu du temps à ne pas observer les oiseaux et... et... Je ne dis rien de tout ça à Annick, j'essaye de masquer ma cruelle déception du mieux que je peux. Je me console en mangeant du gâteau. Hermann est toujours excellent, et finalement le fait de renouer le contact avec la civilisation me fait un bien fou. D'autant qu'Annick a le sourire (oui d'accord "comme d'hab" mais bon c'est toujours agréable) et je me nourris de positivisme irrationnel afin de me convaincre que tout va bien, tout baigne.

Je laisse donc mon sac-à-dos à Annick. Finie la belle insousciance du départ où je me disais que c'était facile et que j'aurais du temps et de la marge. Il reste presque 70km à parcourir, j'ai grosso-modo 11 heures 30 pour les faire. Et ça veut dire en clair qu'il faut que je poursuive au moins au même rythme moyen qu'avant. Pas question de flâner donc, sachant que je suis tout de même moins vaillant qu'au départ. On trouve petit à petit le rythme avec Annick, elle prend un peu d'avance en voiture, et je fais donc très régulièrement des pauses "boire et manger". Elle se met en quatre pour que le coca ou le gâteau ou le bidule qui vont bien soient dispos au bon moment, c'est royal, je suis bichonné.

Le parcours est assez sympa au début. D'autant plus sympa que le jour se lève et qu'enfin on le voit le parcours. Et ça se réchauffe aussi. Puis finalement on arrive sur cette espèce d'horreur, j'ai nommé la départementale 1 (D1 pour les intimes) entre Gasny et les Andelys. Un vingtaine de km, dont la plupart en grands "tout-droit" sur le haut d'un plateau. Un remake du Raid 28, version bitume. Heureusement qu'Annick et là sinon j'aurais vraiment du puiser dans mes ressources pour me motiver. Je chronomètre mon allure, c'est facile car les bornes kilométriques sont facilement repérables. D'ailleurs à part ça et des tas de neige pas encore fondus il n'y a pas grand chose dans la région, n'y allez pas, c'est nul! Je pense courir à environ 9km/h quand je cours, et avec les pauses j'arrive à tenir entre 7 et 8km/h de moyenne ici. Pas si mal. Mais ça me coûte, je sens que j'y laisse des plumes. Tant pis, je compte sur le fait que d'autres franchisseurs vont me rejoindre ensuite, ça devrait me faire tenir au moral, même si le physique fait défaut.

Le premier à me rejoindre est un autre Christian. Annick va le chercher et me laisse seul un instant sur la D1. Quelle galère. Après ce genre d'épisodes, je peux vous garantir qu'une course l'été quand il fait beau avec des spectateurs sur le bord de la route, c'est de la gnognotte. Donc Christian arrive et c'est une bouffée d'air frais. Très vite il doit se rendre à l'évidence: je suis scotché, je patine, je me traîne, j'avance pas. Il se met néanmoins à mon rythme. Grand merci à lui, car il a du lui falloir beaucoup de patience pour me supporter.

Un petit événement vient mettre de l'animation dans notre interminable ligne droite. Un journaliste (FR3 région je crois, mais j'avoue avoir un peu oublié...) voudrait nous voir pour prendre des photos faire un article tout ça tout ça. Un peu fatigué, je délègue un peu la tâche "organisation du RDV" à Annick. De toutes façons la rencontre "en cours de route" n'aura pas lieu, ils seront à l'arrivée, ce qui n'est pas si mal.

Avec Christian on parle de choses et d'autres, surtout de course à pied. C'est bien car on ne peut vraiment pas compter sur le paysage pour nous apporter du divertissement. Enfin je suis un peu de mauvaise fois, car à partir des Andelys, ça change. Traduire: ça descend. Aië les cuisses. Annick nous propose de nous arrêter un peu plus longuement pour faire une "vraie pause" et manger. Je rejette la proposition avec énergie, dans ma tête je suis dans une course contre la montre, je n'ai vraiment pas l'impression d'avoir du temps devant moi. Il faut que je tienne 6km/h de moyenne, mais j'ai bel et bien l'impression que c'est le mieux que je peux faire dans l'état où je suis. Si j'explose ce sera 3km/h. Pas plus.

Et donc après la descente... ...la côte. Boudiou. Saleté de côte. Je marche tout du long. Christian me dépose. Je fais usage de mon rouleau de PQ, l'indispensable compagnon du coureur d'ultra.

Ensuite tout se mélange un petit peu dans ma tête. La fatigue certainement. Les grands événements c'est surtout l'arrivée de Zabou de J.S.C. qui se joint à nous pour une bonne grosse trentaine de kilomètres. Maintenant on est 3. Elle semble me regarder un peu perplexe, la perspective de parcourir 130 bornes lui paraît assez lointaine. J'essaye de démystifier la situation. Après tout le secret c'est de s'entraîner, partir lentement, et s'accrocher, le reste n'est que formalité.

Mes deux compagnons vont donc bien plus vite que moi. Je ne compte plus mes pauses "marche", je n'arrête pas de m'arrêter. Le Sanglier a pris le relai d'Annick en tant que suiveur de choc. Même constat qu'avec Annick, il se met en 4 pour que tout soit là au bon moment, et nous asperge de bonne humeur.

Je m'illustre brillamment après un ravito en prenant de l'avance, je me fourvois et fait 500m dans une direction qui n'est pas la bonne. Donc demi-tour. Je suis dégoûté, j'avais vraiment pas besoin de ça maintenant. C'est vraiment trop inzuste. Dans l'ensemble on peut le dire, je commence à être un peu cuit. Un peu, pas totalement.

Oh mais que vois-je, on passe près de Rommilly Sur Andelle! Ce serait pas là le départ des 100km de Normandie par hasard? Chouette! Heu, non, en fait, pas chouette du tout. Une espèce d'horriiible côte nous attend. Un truc à vous démotiver direct. Surtout qu'en parlant de 100km, les 100km ils sont plutôt derrière que devant, et mes jambes me le font bien savoir. Méheu non, je veux pas la monter. En fait je prends ça avec philosophie: voilà une bonne occasion de marcher pendant... ...3600 mètres! C'est le panneau qui le dit. Cruel et sadique panneau à l'usage des cyclistes, mais qui démoralise tout aussi bien les pédestres. Et les panneaux se succèdent. En plus ils ne sont ni tous les kilomètres ni tous les 600 mètres ni rien du tout. Donc on croit être à 2000 mètres mais c'est en s'approchant du panneau qu'on lit 1800. Bande de pourris, si je tenais le type qui a décidé de mettre ces panneaux. Et celui qui a mis des falaises dans le paysage, et des côtes pour monter sur les plateaux, celui-là aussi je lui expliquerais bien mon point de vue.

Enfin bon la côte est passée. Là je commence non seulement à être fatigué, mais aussi à en avoir passablement marre. D'autant qu'on y séjourne longtemps sur le plateau. Assez longtemps pour goûter abondemment les charmes du vent 3/4 face, version grande soufflerie qui pulse. Le pire, le clou, c'est le passage le long de l'aérodrome. Là c'est vraiment l'enfer. Zabou prend un petit coup au moral dans ce passage, je la comprends.

Et enfin vient ce que j'attends toujours avec délectation: le retour à la civilisation. Des poubelles, des pubs, des voitures, des bouchons, des gaz d'échappement, des feux rouges, une Z.A.I./Z.A.C., des bistrots. Ouais, on entre dans la périphérie de Rouen, ça sent bon l'écurie! Les derniers kilomètres se font faciles. Plus que 8km, 7, 5, wooohooo, c'est l'Amérique!

Avec Zabou, on s'arrêtera dans la dernière descente sur Rouen, car il y a un point de vue vraiment superbe. Le tour par les balcons de Rouen organisé par Annick, ça devait être quelque chose.

Arrivés dans Rouen, on cherche un bistrot pour se poser et attendre un peu car on est "en avance". Je commence à être vraiment KO, j'ai plus de jambes. Finalement zéro bistrot, la pause est faite derrière le "Coffre de la voiture du Sanglier" (sacré nom pour un troquet). On rame tant bien que mal jusqu'à l'arrivée. Et finalement, oui, c'est bon, on est à la Mairie.

Enfin je peux poser mon derrière sur une chaise, et chausser mes tongs. On prend ensuite l'apéro chez une dame qui est membre de J.S.C. et accompagnera Le Sanglier, Phil, Annick et j'en oublie et les autres pour l'étape du lendemain. Je prends une douche. Ensuite, direction chez Annick, où nous rejoignent Mmi et Djohra, et là repas où je m'endors presque dans mon assiette. Un bon gros dodo ne sera pas un luxe.

Dans tous les cas, j'avais manqué Franchir I en 2004, mais cette année, en 2005, je n'ai pas raté Franchir II. Et je ne me suis pas raté d'ailleurs. J'espère que l'impact médiatique et humain aura été à la hauteur des espérances des organisateurs. Pour ma part, après ce petit franchissement, je me suis offert des "vacances sportives", entendre par là: "pas de sport pendant un certain temps", car toutes ces aventures m'ont un peu fatigué.

Grand merci à tous les organisateurs de cet événement, qui m'ont permi de m'amuser pendant presque 23h00 de rang, et en espérant avoir été utile, à bientôt.

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Mis à jour le vendredi 06 mai 2005.